UMR 8244 CNRS/PARIS 8, Campus Condorcet
Miriam Hernández Reyna est docteure en philosophie à l’Université Nationale Autonome du Mexique et doctorante en histoire à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne sous la direction d’Henry Rousso. Elle est également enseignante à l’Institut d’études ibériques et latinoaméricaines de l’Université Paris IV Paris-Sorbonne, et est chercheure classe 1 au Conseil national de la science et de la technologie au Mexique.
Sa recherche se situe dans les domaines de l’historiographie contemporaine, la théorie de l’histoire et les études sur la mémoire historique.
Actuellement elle réalise une thèse intitulée « Mémoire politique et reconnaissance de la pluralité culturelle au Mexique : le nouveau récit sur le passé des indiens au Mexique (1968-2001).
Résumé
Partant d’une approche sur les études de la mémoire et d’un questionnement sur les réécritures contemporaines du passé, cette recherche examine l’histoire de la reconnaissance de la pluralité culturelle au Mexique.
En Amérique Latine et au Mexique, la notion de pluralité culturelle, aussi bien que la perception des indiens comme des victimes de l’histoire ont commencé à voir la lumière depuis la date symbolique de 1968. Après cette date, de nombreux acteurs ont participé à la mise en scène d’une mémoire politique, à savoir, une instrumentalisation du passé visant la reconnaissance des droits historiques et collectifs des groupes définis comme « indiens ». Si, au XIXe et au XXe siècle, domina dans le pays une définition de la nation comme communauté homogène, dans le dernier tiers du XXe et au XXIe siècle la nation est redéfinie comme « multiethnique », et reconnue en 2001 comme « pluriculturelle ». Cette reconnaissance est, toutefois, dépendante d’un changement dans le sens du passé, qui n’est plus perçu comme la tradition ou comme un mythe des origines nationales, mais comme une blessure et comme une dette envers les autres, les indiens. Cette nouvelle approche justifierait des nouveaux cades de droits spécifiques à l’intérieure de la communauté nationale.
Cette thèse cherche donc à retracer l’histoire de cette mutation du passé, en intégrant une perspective qui fait dialoguer des échelles nationale et internationale. Enfin, ce travail cherche à contribuer à un questionnement d’ordre plus général : la montée mondiale de la mémoire, comme clé de lecture de l’histoire et comme indice d’une nouvelle relation avec le passé.