Gabriele Biotti

Gabriele Biotti est post-doctorant à l’Institut d’Histoire du Temps Présent sous la direction de Frédérique Langue.
Son travail de recherche actuel porte sur la représentation cinématographique des mémoires liées à la dictature militaire en Uruguay (1973-1985) ; en analysant un groupe de films documentaires et de fiction réalisés entre 1997 et 2018, se référant au récit des faits historiques de la période de la dictature, et aux différentes mémoires que ces faits historiques ont généré, la recherche vise à déterminer et à analyser un champ où s’entrecroisent et dialoguent le récit de témoignage, la médiation cinématographique du passé, l’épistémologie de l’histoire et les formes de représentation de la mémoire dans le contexte contemporain. Ses recherches développent un intérêt scientifique pour l’épistémologie de la discipline historiographique, confrontée aux demandes de la mémoire et aux élaborations cinématographiques du passé, telles qu’ils se sont dévéloppées dans des contextes où l’histoire contemporaine est encore « en cours d’achèvement ».
Sa thèse de doctorat, soutenue en 2013, en co-tutelle entre l’Université de Lille 3 et l’Université de Sienne, a été dédiée au rapport entre l’anachronisme et l’esthétique du cinéma ; la recherche de doctorat a analysé l’élaboration de l’anachronisme, et de la dynamique complexe et dynamique entre le passé et le présent, dans un groupe de travaux cinématographiques appartenant à la catégorie du film-essai. En tant que films croisant des préoccupations esthétiques, historiques et historiographiques, certains travaux de Wim Wenders, Jean-Luc Godard, Chris Marker et Alexander Kluge ont étés étudiés du point de vue de leur formulation d’un temps complexe, entre l’histoire, les mémoires personnelles et publiques, le récit temporel et l’écriture audiovisuelle de l’expérience du passé.
Avant son doctorat, après l’obtention du diplôme universitaire en Lettres - Mention « Histoire et Critique du Cinéma » en 2003 (Université de Sienne), entre 2004 et 2012 il a donné des cours et des séminaires à l’Université de Sienne, dans le contexte des cours en « Histoire et Critique du Cinéma », « Théories et Techniques du Langage Cinématographique », « Méthodologie de la Critique Cinématographique » et « Histoire des Théories du Cinéma ». Ses axes de recherche, sur lesquels s’est basé son travail didactique, sont l’esthétique du cinéma, l’histoire du cinéma, la théorie du cinéma, l’approche interdisciplinaire au film et à l’audiovisuel, le dialogue entre le récit cinématographique et le récit historiographique, les échanges entre l’épistémologie de l’histoire, la mémoire et la théorie et l’esthétique du cinéma. Il a travaillé sur des questions épistémologiques, telles que la nature du film, le rapport entre le cinéma et les sciences humaines, le cinéma et la construction de l’expérience, le cinéma et l’histoire, le cinéma et le temps. Il a croisé ces thèmes plus généraux et méthodologiques avec l’analyse de films et d’auteurs (entre les autres : Chris Marker, Éric Rohmer, Alain Resnais, Alexander Kluge, Andreï Tarkovski, Stanley Kubrick, Michelangelo Antonioni, Ingmar Bergman, Cesare Zavattini).
Depuis 2018 il est membre de l’équipe de recherche du London Centre for Interdisciplinary Research. Dans ce contexte, il a conçu et co-organizé la Memory Studies Summer School en 2019 (Londres, Birkbeck College), en 2020 (édition en ligne) et en 2021 (édition en ligne), ainsi que la Film Studies Summer School en 2021 (édition en ligne). Il a participé comme conférencier aux dites écoles d’été (en travaillant sur les dynamiques entre histoire et mémoire et sur le cinéma documentaire) et à plusieurs autres colloques et conférences organisés par le centre (à Londres et à Cambridge), en concentrant son travail également sur les racines anthropologiques des représentations et sur les rapports entre la mémoire et le cinéma. Il est en outre intervenu dans des conférences, des séminaires et des journées d’étude en plusieurs pays (Italie, France, Belgique, Royaume-Uni, Espagne, Portugal) portant sur l’épistémologie des études sur le cinéma, sur l’esthétique du cinéma et sur le croisement entre différents formes de représentation.
En 2019 il a éffectué une visite de recherche à l’Université de Brighton (Centre for Memory, Narrative and Histories), au cours de laquelle il a développé certains des sujets de recherche de son travail actuel (écriture de l’histoire, mémoire entre événements et espaces, récit de témoignage, histoire et expérience, histoire orale et travail audiovisuel).
Certaines de ses publications sont axées sur l’esthétique du cinéma, avec une approche aux films de Theo Angelopoulos, David Lynch, Éric Rohmer, Alain Resnais, Peter Greenaway, Chris Marker, Alexander Kluge, Cesare Zavattini, Jean-Luc Godard, Edgar Reitz, Giuseppe Bertolucci et Stanley Kubrick. Il a progressivement dévéloppé un intérêt pour l’approche interdisciplinaire au cinéma, en analysant soit des questions théoriques plus générales, soit certains croisements entre des disciplines (histoire et théorie du cinéma, historiographie, histoire des théories de la littérature et du cinéma). Il a aussi publié des essais sur l’épistémologie de l’histoire du cinéma et de la théorie du cinéma ainsi qu’à propos du rapport entre l’esthétique du cinéma et le concept d’archive.
En 2021 il a dirigé la publication d’un recueil d’essais en langue anglaise sur la mémoire interdisciplinaire (Performing Memories : Media, Creation, Anthropology, and Remembrance), dans lequel auteurs venant de plusieurs contextes disciplinaires (théorie de la littérature, histoire, théorie du cinéma, histoire de l’art, psychanalyse) ont travaillé à la définition d’une série de pratiques interdisciplinaires de la mémoire, entre écriture, arts visuels et narration de l’expérience. Le livre a été publié au Royaume-Uni.
Il a aussi été enseignant dans l’école secondaire en Italie (diplôme d’habilitation à l’enseignement pour les matières Italien, Histoire et Géographie).